Résumé
La SPD exige d’importantes hausses d’impôts sur les revenus élevés, les dividendes, les intérêts et les plus-values immobilières dans les négociations avec la CDU/CSU, mettant ainsi Friedrich Merz sous double pression : il a besoin du soutien des sociaux-démocrates pour devenir chancelier, tandis que la SPD fait valoir que ses membres doivent approuver l’accord et exigent des concessions fiscales. Ayant déjà accepté un endettement massif, Merz doit maintenant choisir clairement entre l’accès à la chancellerie et la fidélité aux promesses électorales d’une baisse d’impôts, sous peine de perdre encore en crédibilité auprès des électeurs et d’ouvrir la voie à une crise politique potentiellement favorable à l’extrême droite AfD.
Article complet traduit
Face au double chantage du SPD, Merz doit désormais clarifier ses ambitions pour la chancellerie
FOCUS online
Hugo Müller-Vogg
Vendredi, 28 mars 2025
Plus d’impôts pour davantage de justice ? Le SPD exige, dans le cadre des négociations de coalition, de lourdes hausses d’impôts et fait ainsi doublement pression sur Friedrich Merz, qui doit maintenant parler clairement.
On peut supposer que les sociaux-démocrates ont célébré la décision de la Cour constitutionnelle fédérale concernant la taxe de solidarité (« Soli »). Rien ne réjouit plus le SPD que de prélever davantage d’argent chez ceux qui réussissent et travaillent dur. Sachant que, pour le SPD, est déjà considéré comme « riche » toute personne célibataire qui doit déclarer un revenu imposable annuel de 73 000 euros et qui doit donc payer la taxe de solidarité.
Le SPD prévoit des hausses d’impôts massives pour les hauts revenus et les épargnants
Selon les projets du SPD, ceux qui gagnent plus que la moyenne devront à l’avenir être davantage taxés. Lors des négociations de coalition, les sociaux-démocrates ont mis sur la table des revendications qui, si elles étaient réalisées, mèneraient à une véritable orgie de hausses fiscales.
Concernant l’impôt sur le revenu, le taux maximal passerait ainsi de 42 à 47 %. Actuellement, le taux de 42 % s’applique à partir d’un revenu annuel de 66 800 euros (pour une personne seule). Cette limite serait relevée à 83 000 euros, mais cela n’apporterait pas grand-chose aux intéressés puisque le taux d’imposition lui-même augmenterait simultanément.
Le SPD souhaite également augmenter la « taxe sur les riches » (Reichensteuer), la faisant passer de 45 à 49 %. Ce taux s’applique actuellement aux personnes seules dont les revenus imposables annuels dépassent 278 000 euros, ciblant notamment les dirigeants d’entreprises individuelles ou de sociétés de personnes.
Par ailleurs, tous ceux percevant des dividendes et des intérêts verraient aussi leurs impôts augmenter. La taxe forfaitaire sur les revenus du capital passerait de 25 à 30 %, ce qui ne concerne pas uniquement les très riches, mais aussi les citoyens ordinaires qui investissent dans des actions ou des obligations pour préparer leur retraite.
Nous manquons de logements, mais le SPD veut pénaliser ceux qui en construisent
Depuis des décennies, les sociaux-démocrates s’insurgent contre l’impossibilité, depuis 1997, de prélever l’impôt sur la fortune, déclaré anticonstitutionnel par la Cour constitutionnelle. Le SPD souhaite aujourd’hui réintroduire cette taxe, ciblant officiellement les « grandes fortunes ». Mais on peut imaginer que, pour le SPD, ces « grandes fortunes » ne devront pas être si élevées pour être réduites grâce au fisc.
De plus, le SPD souhaite pénaliser ceux qui construisent des logements : désormais, toute vente d’un bien immobilier locatif, non occupé par le propriétaire lui-même, serait soumise à l’imposition des plus-values, alors que jusqu’à présent, ces plus-values étaient exonérées après une détention de dix ans.
En voyant ces revendications, on pourrait croire que le SPD a raté de peu la majorité absolue aux dernières élections législatives et cherche maintenant à imposer ses vues à son petit partenaire de coalition. Pourtant, avec seulement 16 %, le SPD est dans une situation plus difficile que jamais.
Les sociaux-démocrates semblent encouragés par l’attitude de Friedrich Merz et de l’Union (CDU/CSU), notamment en ce qui concerne l’assouplissement du frein à l’endettement. La CDU/CSU a, en effet, trahi toutes ses promesses électorales en quelques jours afin de remplir une condition préalable du SPD à l’ouverture des négociations, à savoir accepter un endettement massif.
La CDU/CSU avait fait campagne en promettant une baisse des impôts. Si l’Union accepte désormais une hausse des impôts, elle trahirait à nouveau sa parole, entraînant une nouvelle chute dans les sondages.
Le SPD pratique un double chantage
Les négociations de coalition ne sont pas un jeu où chacun peut obtenir tout ce qu’il désire. Les compromis nécessaires peuvent être douloureux pour tous les participants. Jusqu’à présent, seule l’Union a fait des sacrifices majeurs en acceptant un endettement d’au moins mille milliards d’euros sur les douze prochaines années.
Le SPD, quant à lui, revient déjà sur les accords précédemment conclus concernant l’enjeu central de la migration (reconduites aux frontières) et présente parallèlement des projets fiscaux qui constituent une provocation directe pour l’Union.
Visiblement, le SPD tente d’exercer une double pression sur la CDU/CSU : d’une part, Friedrich Merz a besoin du SPD pour accéder à la chancellerie ; d’autre part, le SPD rappelle constamment que l’accord de coalition devra être approuvé par ses membres, qui exigent précisément une taxation renforcée des « riches ».
Merz doit clarifier ses intentions
Friedrich Merz doit désormais décider si l’accès à la chancellerie vaut d’abandonner ses propres principes politiques. Si ce n’est pas le cas, il doit clairement le dire au SPD : « Camarades, arrêtez les délires ! »
Le SPD ne peut sérieusement souhaiter l’échec de ce projet de « petite grande coalition » (kleine GroKo). Les alternatives seraient bien moins séduisantes : un gouvernement minoritaire CDU/CSU, une coalition minoritaire SPD/Verts/Die Linke, ou de nouvelles élections. Or, dans ces trois cas, c’est l’AfD, parti en partie d’extrême droite, qui en sortirait renforcée, devenant soit indispensable pour obtenir une majorité parlementaire, soit améliorant encore ses résultats électoraux.