Les prévisions pour l’économie allemande augmentent mais les économistes mettent en garde

10 juin 2025

Résumé

L’article de la Frankfurter Rundschau rapporte que les économistes de la Deutsche Bank ont revu à la hausse leurs prévisions de croissance pour l’économie allemande, anticipant une augmentation du PIB de 1,5 % en 2026 et de 2,0 % en 2027. Cette amélioration est attribuée aux récents investissements massifs dans la défense et les infrastructures, rendus possibles par la modification du frein à l’endettement par le Bundestag et le Bundesrat.

Toutefois, les économistes soulignent que ces investissements ne suffiront pas à eux seuls à assurer une croissance durable. Ils insistent sur la nécessité de réformes structurelles profondes pour augmenter le potentiel de croissance au-delà de 1 %. Parmi les mesures recommandées figurent la réduction de la bureaucratie pour les entreprises, la lutte contre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et la maîtrise de l’augmentation des coûts salariaux. Les économistes expriment également leur inquiétude quant à l’absence actuelle d’une telle “réforme de grande envergure” à l’agenda politique.

Article complet traduit

Prévisions de croissance pour l’économie allemande relevées après les mesures Merz – mais les économistes alertent

Frankfurter Rundschau, 25.03.2025, 21:16
Par : Mark Simon Wolf

Les économistes de la Deutsche Bank prédisent une prochaine reprise de la croissance économique allemande, mais mettent en garde : sans réformes majeures, les investissements décidés par l’Union (CDU) et le SPD risquent d’être inefficaces.

Francfort – La Deutsche Bank a fortement revu à la hausse ses prévisions économiques pour l’Allemagne après l’approbation par le Bundestag et le Bundesrat d’assouplir le frein à l’endettement, autorisant ainsi des dépenses massives en défense et infrastructures. Les économistes, menés par Robin Winkler, chef économiste de la Deutsche Bank, prévoient un retour significatif de la croissance à partir de 2026. Les premiers effets concrets du paquet financier devraient se faire sentir dès la fin de 2025.

Selon l’institut Deutsche Bank Research, cité initialement par Business Insider, la prévision de croissance pour 2026 passe de 1,0 % à 1,5 %, et pourrait atteindre 2,0 % en 2027. Toutefois, l’inflation sous-jacente devrait rester autour de 2,5 %, sous l’effet des hausses salariales et de l’augmentation prévue du salaire minimum. Pour 2025, les crises temporaires, notamment les sanctions douanières américaines sur les importations européennes, les incertitudes géopolitiques et la faiblesse de l’économie américaine, freineront encore la croissance allemande.

À long terme, l’économie pourrait prospérer à condition que le gouvernement complète l’endettement accru par des réformes approfondies. Le paquet d’investissement pourrait porter le potentiel de croissance à 1 %, mais sans réformes structurelles (« Big-Bang »), ce seuil ne serait pas dépassé.

L’Union et le SPD souhaitent relever durablement le potentiel de croissance actuel (0,5 %), en baisse ces dernières années. Toutefois, les économistes critiquent l’absence actuelle d’une véritable réforme ambitieuse, demandant urgemment une simplification administrative pour les entreprises, une réponse au manque de main-d’œuvre qualifiée, et la maîtrise de l’augmentation des coûts salariaux. Sans ces réformes, la dette publique pourrait atteindre 75 % du PIB d’ici 2035.

Le secteur de la construction et de l’industrie bénéficierait temporairement de ces investissements, mais se heurtera à une pénurie durable de travailleurs. En 2024, ces secteurs ont connu d’importantes pertes d’emplois (30 000 dans la construction et 100 000 dans l’industrie). Actuellement, leur taux d’utilisation des capacités est au plus bas depuis la crise financière de 2008, et les retards dans les projets de construction atteignent environ 15 semaines. Par ailleurs, environ un quart des employés industriels ont plus de 55 ans.

Face au retrait progressif des garanties sécuritaires américaines et aux menaces venant de Russie, les économistes anticipent un renforcement des investissements dans la défense européenne. Plus de 70 % des contrats en armement sont actuellement attribués à des entreprises étrangères. Toutefois, une augmentation des investissements nationaux ou européens pourrait changer la donne, favorisant aussi des coopérations industrielles intersectorielles.

Récemment, Rheinmetall a examiné des sites Volkswagen, dont l’usine d’Osnabrück, pour une éventuelle production d’armes. Ce changement stratégique reflète la disponibilité nouvelle des capacités de production automobile suite à la baisse de la demande dans ce secteur. Le secteur civil pourrait également profiter indirectement de ces dépenses accrues dans la défense, notamment par des commandes en recherche et développement liée à la sécurité.